Héliotropisme

« Impitoyable dont les yeux n’ont jamais vu l’obscurité !
Libérateur qui avec des marteaux d’or brise la glace !
Sauve-moi !

Droites comme de fines lignes les tiges des fleurs sont happées vers le haut :
plus près de toi les calices veulent trembler.
Les arbres projettent leur puissance comme des piliers en direction de leur gloire :
là-haut seulement
ils ouvrent leurs bras feuillus assoiffés de lumière, dévoués.

Tu as tiré l’homme
d’une pierre fixée à la terre avec des yeux aveugles
à une plante errante et ondoyante au front ceint des vents des cieux.
Tiens sont les tiges et les troncs. Tienne est mon épine dorsale.

Sauve-la.
Pas ma vie. Pas ma peau.
Sur l’extérieur ne règnent aucuns dieux.
Avec les yeux éteints et les membres brisés,
il est tien, celui qui vécut debout,
et avec celui qui meurt debout
tu te trouves, lorsque l’ombre dévore l’ombre.
Le grondement s’élève. La nuit enfle.
La vie scintille si profondément précieuse.
Sauve, sauve, dieu voyant,
ce dont tu as fait don. »

Traduction faite maison du poème « Bön till solen » (« Prière au soleil ») de Karin Boye, issu du recueil För trädets skull (Pour l’amour de l’arbre), avec l’aide des ces traductions anglaises | Hamadryade, Félicien Rops | The Ever Green Tree, Desiderii Marginis, 2024

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